Il y a 136 ans Adrien Franchet témoignait au travers de ses observations botaniques, des espèces qu’il trouvait dans les marais de la Cisse. Parmi ses observations, le Liparis de Loesel, petite orchidée inféodée à des marais tourbeux alcalins, était encore présente et nous en disait long sur la singularité des milieux humides de la Cisse.
Cet habitat et sa frêle pensionnaire ont cependant aujourd’hui disparu. Cette histoire nous rappelle toute la fragilité de certains milieux qui mettent des centaines d’années à s’établir et qui constituent un support biologique original pour une flore et une faune qui le sont tout autant.
Depuis 1992, le Conservatoire d’espaces naturels mène des projets de préservation des zones humides des marais de la Cisse avec ses premières acquisitions de roselière dans le marais de Molinas et l’achat d’un terrain de loisirs aujourd’hui en cours de renaturation. En cette année 2021, il poursuit son travail foncier et vient de signer le 9 juin 2021, l’acquisition de 9,30 ha de marais sur la commune de Champigny-en-Beauce au lieu-dit les Courtils dans le
prolongement du marais des Tresseaux sur lequel il s’était impliqué il y a une dizaine d’années.
Le marais des Courtils est constitué principalement de grandes cariçaies fragmentées de bosquets de saules, et irrigué par le petit ruisseau du Villay qui vient aujourd’hui se jeter directement dans la Cisse sans traverser, comme autrefois, le moulin des Mignonnets. Plus en amont du site, une parcelle, encore pâturée par des moutons il y a une
trentaine d’années est aujourd’hui en cours de boisement. Ce marais semble ressembler à beaucoup d’autres présents dans la vallée, et pourtant, un simple sondage de sol nous en dit davantage sur son passé
tourbeux et nous nous prenons à repenser à la délicate Liparis de Loesel
aujourd’hui disparue. Le caractère inondable du site, ainsi que la présence
probable de sources ont certainement contribué à la constitution de cette tourbe. Néanmoins les conditions hydrologiques du site semblent être
aujourd’hui différentes et la tourbe se minéralise peu à peu. L’acquisition du site par le Conservatoire aura pour ambition, dans un premier temps, d’évaluer le caractère fonctionnel de la zone tourbeuse et de faire la lumière sur les enjeux écologiques du site afin de proposer des scénarios de restauration et d’entretien sur le long terme.
Le site a été acquis grâce au soutien financier de l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne (AELB) et des fonds européens qui soutiennent les actions contribuant à la préservation des zones humides et des espèces patrimoniales associées. Cette acquisition conclut le contrat territorial des espaces naturels humides en région Centre-Val de Loire 2015-2019 avec l’Agence de l’eau Loire-Bretagne et ouvre les perspectives d’actions pour son renouvellement sur la période 2021-2023, actuellement en cours d’examen par l’AELB.